Accueil > Les observations > L’avifaune > Le Chevalier Solitaire (Tringa solitaria) Solitary Sandpiper
Le 8 octobre 2012, un Chevalier Solitaire a été découvert vers 20h00 (donc à la nuit quasi tombée) au marais du Créach par Thierry Joubert. Il a été retrouvé et observé le lendemain matin par l’ensemble des ornithologues présents sur l’île.
Chevalier solitaire (Tringa solitaria), île d’Ouessant (Finistère), marais du Créac’h et du kun, octobre 2012. Photographies : Nidal Issa, Corentin Morvan, Willy Maillard et Benoît Hémidy
Le Chevalier solitaire (Tringa solitaria) observé ce 8 octobre, est un limicole du néarctique très rare en Europe de l’Ouest. La seule grande difficulté pour son identification et qu’il est confondu avec le Chevalier culblanc (Tringa ochropus). Il s’en distingue toutefois par plusieurs critères de plumage et de structure.
Le néarctique est l’une des huit écozones ou régions biogéographiques terrestres. Il est parfois regroupé avec le paléarctique et forme alors l’holarctique. Il couvre l’essentiel de l’Amérique du Nord, et inclut le Groenland et la partie nord du Mexique. Les parties plus au sud du Mexique et de la Floride, l’Amérique centrale et les Îles Caraïbes font partie de l’écozone néotropique, avec le reste de l’Amérique du Sud.
Les observations du Chevalier solitaire au mois d’octobre 2012, à Ouessant (base de données ANO)
Date | Site | Observateur |
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09/10/2012 | France - Ouessant - Marais du Créac’h | Michel Maire |
09/10/2012 | France - Ouessant - Marais du Créac’h | Alain De Broyer |
09/10/2012 | France - Ouessant - Marais du Créac’h | Davy Bosman |
09/10/2012 | France - Ouessant - Marais du Créac’h | Wouter Van Gompel |
09/10/2012 | France - Ouessant - Marais du Créac’h | Sylvain Vincent |
09/10/2012 | France - Ouessant - Kerbrat | Sylvain Vincent |
09/10/2012 | France - Ouessant - Marais du Créac’h | Patrick Derrien |
09/10/2012 | France - Ouessant - Marais du Créac’h | Cédric Caïn |
13/10/2012 | France - Ouessant - Poull Brac | Michel Maire |
13/10/2012 | France - Île d’Ouessant | Antoine Gouëllo |
13/10/2012 | France - Île d’Ouessant | Alain De Broyer |
13/10/2012 | France - Ouessant - Lann Vraz | JP Delatre |
13/10/2012 | France - Île d’Ouessant | Patrick Derrien |
14/10/2012 | France - Ouessant - Penorz | Alain De Broyer |
14/10/2012 | France - Ouessant - Poull Brac | JP Delatre |
14/10/2012 | France - Île d’Ouessant | Cédric Caïn |
15/10/2012 | France - Ouessant - Kerbrat | Adrien Mauss |
15/10/2012 | France - Île d’Ouessant | Patrick Derrien |
16/10/2012 | France - Ouessant - Penorz | Davy Bosman |
16/10/2012 | France - Ouessant - Poull Brac | JP Delatre |
16/10/2012 | France - Ouessant - Penorz | Alain De Broyer |
18/10/2012 | France - Île d’Ouessant | Sylvain Vincent |
18/10/2012 | France - Ouessant - Penorz | JP Delatre |
18/10/2012 | France - Île d’Ouessant | Patrick Derrien |
19/10/2012 | France - Ouessant - Lampaul | Patrick Derrien |
Géolocalisation des principaux sites d’observation
Afficher Les obs du Chevalier solitaire sur une carte plus grande
Présentation et identification
Longueur : de 18 à 23 cm
Le chevalier solitaire a le dos plutôt brun foncé, finement tacheté de blanc ou de chamois. Les couvertures médianes de la queue sont sombres, et les extérieures sont blanches et nettement barrées de noir. Les côtés de la tête, le cou et la poitrine sont blancs, rayés et tachetés de noir. L’abdomen est blanc.Intermédiaire entre les Chevaliers sylvain et culblanc, le Chevalier solitaire diffère du Chevalier à pattes jaunes par sa taille plus faible, ses pattes (de vert-jaune à gris-vert) et son bec plus courts.
Son cri (cf. plus bas), ainsi que l’absence de sourcil en arrière de l’œil le différencient du Chevalier sylvain. Le plumage du Chevalier solitaire étant plus taché que celui du Culblanc, il apparaît moins contrasté, moins sombre que ce dernier (du moins en plumage neuf, car, à l’automne, le plumage usé des adultes devient plus sombre). Comme chez les deux chevaliers à pattes jaunes « , la pointe de l’aile dépasse le bout de la queue, mais c’est souvent moins évident que chez ces derniers. La calotte est moins foncée que chez le Culblanc, les taches noires apparaissant distinctement sur un fond brun clair.
En vol, il diffère de tous les autres par son croupion brun. Le dessin de la queue est intermédiaire entre les fines rayures du Chevalier sylvain et les trois traits noirs du Culblanc, les deux rectrices centrales étant plus sombres.
Ornithos, Serge Nicolle, Volume 3, N°2 - Avril 1996, PP 68-72. Avec l’aimable autorisation de la rédaction
Chevalier solitaire (Tringa solitaria), île d’Ouessant (Finistère), petite mare au Kun. Photographies : Ghislain Riou
Espèce discrète, craintive, peu sociable, souvent observée seule ou en petits groupes. Son comportement rappelle celui du Chevalier culblanc, même s’il peut être parfois plus confiant. Il hoche la tête et la queue quand il est inquiet. La plupart des observations réalisées ce mois d’octobre 2012 ont permis d’observer un oiseau calme et peu farouche, recherchant sa nourriture et ceci, malgré les nombreux ornithologues. Il fallait qu’il se sente vraiment déranger pour changer de lieux de nourrissage, nombreux du fait de pluies incessantes sur la Bretagne. Ouessant était favorable à de tel changement, l’île a connu comme sur le reste de la France, cette année là, une grande pluviométrie. De nombreuses mares se sont alors formées sur l’île.
L’oiseau a donc été observé facilement en différents lieux.
Le Chevalier solitaire se nourrit dans les eaux peu profondes ou dans la boue sur les bords de mare. Il se nourrit principalement d’invertébrés terrestres et aquatiques, y compris des nymphes de libellule et de corises, ainsi que d’autres insectes ou larves d’insectes, d’araignées, des vers, des têtards, des petites grenouilles, des petits crustacés et des mollusques. Le chevalier solitaire patauge souvent dans l’eau jusqu’au ventre pour remuer la végétation, arrachant toutes proies qu’il y rencontre.
Chevalier solitaire (Tringa solitaria), île d’Ouessant (Finistère), Poull Brac, octobre 2012. Photographie : Sylvain Houpert
Habitat et migration
Le Chevalier solitaire niche dans la forêt boréale d’Amérique du Nord, à proximité de l’eau. Contrairement à la plupart des autres limicoles, il niche dans des arbres, utilisant les anciens nids de passereaux, et notamment de grives. Son aire de nidification s’étend du Labrador à l’ouest de l’Alaska.
Le Chevalier solitaire est donc un migrateur commun à travers le continent américain, hivernant du sud des Etats-Unis et de l’ouest des Caraïbes au sud de l’Amérique centrale. Durant la migration, il se nourrit le long des rivages des mares, des étangs et des lacs, parfois loin des côtes.
Si un nouvel individu a pu être observé sur l’île d’Ouessant, c’est un « égaré » de son axe de migration. Les connaissances actuelles de ces situations permettent d’avancer essentiellement une mauvaise météorologie ; ce sont des vents forts qui ont permis à notre individu de traverser 5000 km d’étendue d’eau et d’arriver sur les côtes françaises en pas plus de 24 heures. La plupart des oiseaux observés sont des juvéniles.
Actuellement, pour cette période, nous pouvons remarquer qu’une dépression traversait l’océan atlantique. Une dépression "tourne" dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, présentant des vents d’ouest en est.
6 données françaises pour 6 individus
4ème observation depuis la création du CHN en 1981
3ème observation pour l’île d’Ouessant
La dernière observation pour l’île : septembre 2003
Finistère - île d’Ouessant : réservoirs, juv., phot., du 10 au 19 septembre (A. Audevard et al.)
(Amérique du Nord). Il fallait bien un cyclone de la puissance de Florian pour ramener du continent américain un chevalier qui n’avait pas été vu en France depuis 17 ans ! Toutes les mentions françaises sont du Finistère, dont quatre d’Ouessant, celle de 1986 (qui était jusqu’à présent la seule enregistrée depuis la création du CHN), à la même époque et au même endroit que celle de cette année.
Ornithos 12-1 : 2-45 (2005), les oiseaux rares en France en 2003, 22é Rapport du Comité d’Homologation, avec l’aimable autorisation de la rédaction
Sa voix est similaire à celle du Chevalier culblanc : un "peet" soudain, excité ou un "peet weet weet" quand il est dérangé ; toutefois, il ne lance pas le "kiuweeet" dissyllabique au début de la série que l’on remarque souvent chez le Chevalier culblanc.
Pour aller plus loin
Le Texte de Nicole Bouglouan : http://www.oiseaux-birds.com/fiche-chevalier-solitaire.html
Javier Blasco-Zumeta & Gerd-Michael Heinze, de la station de bagage Virtual Ibercaja, ont réalisé quant à eux des articles sur l’espèce et ses possibles confusions avec le Chevalier culblanc :